YOU REMEMBER ?

Cela fessait un peu plus d'une semaine que j'avais mis les pieds dans cet établissement. Jour après jour, je me familiarisais de plus en plus avec les lieux, les patients, le reste du personnel médical. Je suis le genre de personne qui a de la compassion à donner aux autres, j'ai toujours était assez proches des gens dont je m'occupais, négligeant parfois les personnes "normales" qui me côtoyaient. C'est bien simple, je préfère la compagnie de malade mentaux à d'autres. A vrai dire, je me sens assez proches d'eux, disons qu'à une certaine période de ma vie, je suis certaine que j'aurais pu intégré facilement un centre comme celui de Lordrich. Mais tout ça est fini maintenant, je suis une infirmière comme les autres et j'évite les anti-dépresseur ou ce genre d'auto-médication.
Aujourd'hui était un jour comme tant d'autres, sauf que j'avais à m'occuper, pour la première fois depuis mon arrivée, de jeunes schizophrènes. Je dois avouer que je ne m'étais jamais senti très à l'aise avec ce genre de malade, jamais très rassurée. Et pourtant, je fréquente chaque jour des personnes qui pourraient s'avérer aussi dangereuses qu'un schizophrène. Et comme pour confirmer mes craintes, un patient montra des difficultés à prendre son traitement, mais il parait que c'est courant, je ne suis pas censé m'en inquiéter. Enfin, je devrais quand même essayer de voir si je n'ai pas moyen d'échapper à ce service en l'échangeant contre un autre. Il faudrait surement que je vois ça avec l'un des infirmiers... Si il y avait un service que je devrais choisir, ce serait celui de troubles cognitifs. A vrai dire, je me suis liée avec une petite fille de 12 ans qui semble être atteint de troubles amnésiques. J'ai toujours eu un faible pour les enfants, il est parfois plus simple de ce lier avec de si jeunes patients. Enfin, j'ai beau aimer les enfants, je ne suis pas encore prête à avoir les miens...
Après avoir finie mon tour des chambres, je m'octroyer une courte pause dans la salle de garde, bien que ce fusse bientôt l'heure de ma pause déjeuner. J'appréciais souvent le calme de la salle de garde, où les infirmiers pouvaient s'y reposer. Bien entendu, quand on était plus de deux à vouloir faire une pause, le repos n'avait pas lieu d'être. On se prenait plus au jeu, parlant de nos cas personnels, discuter gaiement avec nos partenaires & se reposer n'avais plus de sens. J'étais assez réservé concernant ce rapprochement entre collègues, je ne m'étais jamais montré très sociale de toute façon, alors il n'y avait aucune raison qui pouvait me pousser à changer pour le moment. Je n'aimais pas non plus les pause déjeuner, le brouhaha presque quotidien, les patients qu'on entendait à cause des murs fins. A peine arrivée et voilà que j'avais déjà échappé à la cafétéria pour aller grignoter un bout en salle de garde, dans ma chambre ou près du lac ▬ un endroit assez calme que j'aimais bien fréquenter. Je pensais d'ailleurs aller y manger aujourd'hui, et c'est avec cette idée en tête que je poussais la porte de la cafet', afin de prendre de quoi me nourrir correctement. Mon uniforme vert ne détonna pas parmi les tenues des quelques personnes présentes (on était presque tous habillé pareil). La tenue n'était pas des plus saillantes ou des plus avantageuses mais je n'y pensais pas vraiment. A vrai dire, je n'avais jamais essayé de me rendre particulièrement séduisante avec des vêtements, j'avais vécu une expérience qui me poussait à m'habiller d'une façon assez banales, souvent un jean & un t-shirt, pour tout dire. Je posais sur mon plateau ce qui allait constituer mon repas du midi ▬ une salade avec du poulet, un yaourt et une pomme ▬ et me tourner vers la salle afin de voir si une sortie m'était possible. Mes yeux s'arrêtèrent alors sur une silhouette aux contours familiers. Après une semaine de travail, je n'avais pas encore eu l'occasion de le croiser, à croire que mon emploi du temps ne correspondait pas vraiment avec le sien... Tans pis pour mon déjeuner en tête à tête avec moi-même, je m'approchais de sa table avec résolution. Je posais mon plateau en face de lui, alors qu'il n'avait pas daigner m'accorder un regard, c'était Dylan tout craché, comme je l'avais connu peu de temps auparavant. Je m'assis alors autant de décontraction dont je pouvais faire preuve et leva les yeux vers lui.



Il avait levé ses yeux agrandis par la surprise vers moi, et me regardait attentivement, tout en essayant de ne pas montrer les émotions qui le traversait, pour changer. Gardant ma décontraction temporaire, je piquais une feuille de salade avec ma fourchette que je mis tranquillement dans ma bouche, affichant un air calme qui me semblait un peu faux.

J'eus presque envie de rire tant la scène qui se déroulait sous mes yeux ressemblait à celle d'un mauvais film de mafieux qui s'affronte alors qu'ils sont censés être amis. Nous étions censé l'être, des amis. Et pourtant, voilà qu'un beau jour, Dylan décidait de partir sans même se donner la peine de me dire au revoir. Après avoir passé environ 3 ans à se parler chaque jour et même plus, j'en avais attendu un peu plus de lui. Après tout, on n'entrait pas dans ma vie pendant si longtemps pour en ressortir aussi facilement. Même si je ne lui avouerais jamais, j'avais souffert de son départ inexpliqué et j'étais tombé de haut quand j'avais vu le panneau "à louer" accroché à la fenêtre de son ancien appartement. Je comprenais très bien qu'il aspirait à une autre vie, ses désirs de partir loin du Texas ▬ j'avais les mêmes ▬, mais je ne m'étais pas imaginé qu'il serait partie sans un mot, sans même me prévenir. Et pourtant, il l'avait fait, et voilà qu'aujourd'hui, je me retrouvais assise en face de lui sans qu'il n'ai rien demander. Je levai des yeux hésitants vers lui et le regardais un instant. Lui non plus n'avais pas changé, même si j'avais oublié à quel point il était beau et ses yeux qui me transperçaient à chaque fois qu'il daignait poser le regard sur moi. Ses cheveux aux reflets cuivrés était toujours aussi désordonnée quoi que légèrement plus long. Je restai stoïque tandis que ma respiration était régulière.

« IL N'EST PAS SI FACILE DE ME SEMER.... »

J'avais souffler cette phrase dans un murmure, je ne comptais pas lui avouer ce que je ressentais, je n'en étais même pas sur moi-même. J'affichais le même air que lui, je gardais le visage fermé sans montrer mes émotions. J'avais réussi plus d'une fois a rester impassible, sans montrer ma souffrance et je ne comptais pas fléchir aujourd'hui. Je ne voulais pas lui montrer ce que je ressentais, il ne le méritait pas vraiment. Ses paroles me blessèrent, mais je ne m'attendais pas à moins de sa part, j'étais consciente que si il était partie en me laissant seule, il y avait une raison et que je devais me faire à cette raison. Malheureusement, j'étais assez têtue et mon ami m'avait rapidement manqué. Il était comme une bouffée d'air frais à ma triste existence et je dois avouer que j'avais besoin de lui après avoir compté sur sa présence pendant 3 ans. Sans le savoir réellement, il m'avait aider à sortir du trou noir qui m'entourait à mon entrée à l'école d'infirmier, et je ne doutais pas que, sans sa rencontre, il y aurait de grande chance pour que je sois à présent sa patiente plutôt qu'une de ses collègues. Je souris d'un petit sourire vide d'émotion, parce que cela fessait déjà un petit moment que je n'avais pas eu de vrai sourire, mais je n'en voyais pas vraiment l'intérêt. J'étais compliquée, distante, difficile à comprendre et renfermé sur moi-même... Peu de gens s'intéressait à moi et c'était tant mieux car j'évitais les relations amicales ou autres, je n'étais pas faite pour ça.